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marins, cet æs triplex que M. Patterson ne possédait pas et qu’il enviait au navigateur d’Horace.

Au cours de cette bourrasque, l’Alert fut rejeté d’une centaine de milles hors de sa route. De là un retard qui ne serait pas complètement regagné, même si le navire atteignait sans nouveaux incidents les parages où dominent les alizés qui soufflent de l’est à l’ouest. Par malheur, Harry Markel ne retrouva pas les brises régulières qui l’avaient favorisé depuis son départ de Queenstown. Entre les Bermudes et la terre d’Amérique, le temps fut extrêmement variable : parfois des calmes, et le trois-mâts n’enlevait pas un mille à l’heure, parfois des grains qui obligeaient l’équipage à carguer les voiles hautes, à prendre des ris dans les huniers et la misaine.

Il était donc certain, dès maintenant, que les passagers ne débarqueraient point à Saint-Thomas sans un retard de quelques jours. Il en résulterait une inquiétude assez justifiée sur le sort de l’Alert. Les câblogrammes devaient avoir fait connaître à la Barbade le départ du capitaine Paxton, à quelle date le bâtiment était sorti de la baie de Cork. Plus de vingt jours écoulés, et l’on n’aurait encore aucune nouvelle.