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la décision d’erik.

tre les deux aspects de la question et nageait dans le vague comme un poisson dans l’eau. Aussi se trouva-t-il, ce soir-là, à la hauteur des circonstances.

« Il est incontestable, articula-t-il en hochant la tête, qu’il y a, dans ce fait de dix-sept navires anglais portant le nom de Cynthia, un indice des plus sérieux en faveur de la conclusion exprimée par notre éminent ami. Cet indice, rapproché comme il l’est des caractères ethnographiques du sujet, est assurément d’un grand poids, et je n’hésite pas à dire qu’il me paraît presque définitif. Je ne fais même aucune difficulté d’avouer que, si j’avais une opinion personnelle à exprimer sur la nationalité d’Erik, cette opinion serait la suivante : les probabilités sont en faveur de la nationalité irlandaise !… Mais autre chose est une probabilité, autre chose une certitude, et, si j’ose le dire, c’est une certitude qu’il faudrait pour décider le pari en question. Les probabilités ont beau être grandes, en effet, en faveur de l’opinion de Schwaryencrona, Bredejord peut toujours alléguer que la preuve absolue n’est pas faite. Je ne vois donc aucune raison suffisante de déclarer que le Quintilien est gagné par le docteur, et je n’en vois pas davantage de dire que le Pline soit perdu… À mon sens, la question restant indécise, le pari doit être annulé, et c’est encore ce qui peut arriver de plus heureux en pareil cas ! »

Comme tous les jugements qui renvoient les parties dos à dos, celui du professeur Hochstedt ne parut pas satisfaire l’une plus que l’autre.