du bout de ses doigts sur sa tabatière, dans ce moment-là, on était obligé de se dire qu’il pensait :
« Voilà un Pline qui ne fera pas trop mal entre mon Quintilien, édition princeps de Venise, et mon Horace à grandes marges sur papier de Chine, des frères Elzevir ! »
C’est ainsi, en tout cas, que le docteur interprétait généralement cette pantomime, qui avait le don spécial de lui agacer les nerfs. Ces soirs-là, il se montrait particulièrement impitoyable au whist et ne passait rien à son infortuné partner.
Mais le temps n’en suivait pas moins son cours, et l’heure avait enfin sonné où il fallait soumettre la question à l’arbitrage impartial du professeur Hochstedt.
Le docteur Schwaryencrona le fit avec une grande franchise. À peine Kajsa l’avait-elle laissé seul avec ses deux amis qu’il leur avoua, comme il l’avait avoué par lettre à maaster Hersebom, le résultat négatif de ses investigations. Rien n’était venu éclaircir le mystère qui enveloppait l’origine d’Erik, et le docteur, en toute sincérité, se voyait obligé de conclure que ce mystère lui paraissait insoluble.
« Toutefois, poursuivit-il, je serais injuste envers moi-même si je ne déclarais pas avec une égale sincérité que je ne crois pas le moins du monde avoir perdu mon pari. Je n’ai pas retrouvé la famille d’Erik, c’est vrai ; mais les renseignements que j’ai recueillis sont plutôt de nature à