Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

87
la décision d’erik.

garder !… Puisque vous m’avez nourri du travail de vos mains, je demande à rendre à vos vieux ans ce que vous avez donné si généreusement à mon enfance !

— Dieu soit loué ! s’écria dame Katrina en serrant Erik sur son cœur, dans un emportement de tendresse et de joie.

— Je savais bien, moi, que l’enfant préférait la mer à tous ses livres ! dit simplement maaster Hersebom, sans se rendre compte du sacrifice que représentait la décision prise par Erik. Allons !… Voilà une affaire réglée !… Ne parlons plus de tout cela, et ne songeons qu’à passer de bonnes fêtes de Noël ! »

Tout le monde s’embrassa, les yeux humides de bonheur, en jurant de ne se séparer jamais.

Lorsque Erik fut seul, s’il ne parvint pas à étouffer un soupir en songeant à tous les rêves de travail et de succès auxquels il fallait renoncer, du moins y avait-il dans le sacrifice même une joie austère qu’il sut savourer.

« Puisque c’est le vœu de mes parents d’adoption, se disait-il, qu’importe tout le reste ? Je dois me résigner et travailler pour eux dans la sphère où le sort et leur dévouement m’ont placé !… Si j’ai parfois ambitionné une plus haute fortune, n’était-ce pas pour leur en faire part ? Puisqu’ils sont heureux ainsi et ne désirent pas un autre sort, il faut m’en contenter, en m’efforçant seulement par ma bonne conduite et mon travail de leur