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la décision d’erik.

revêtit aussitôt pour les trois enfants un intérêt dramatique, qui en effaça toute l’amertume. Ils regardaient émerveillés les dentelles et le velours, l’or du hochet et sa devise — à peu près comme ils auraient assisté à un conte de fées en action. L’impossibilité même, constatée par le docteur, d’obtenir aucun résultat pratique de ces indices, bien réels pourtant, semblait les rendre quasi sacrés.

Erik les contemplait comme en rêve, et sa pensée s’envolait vers cette mère inconnue, qui l’avait sans doute habillé elle-même de ces vêtements, et plus d’une fois avait dû agiter ce même hochet devant les yeux de son enfant pour le faire sourire. Il lui semblait, en touchant ces choses, qu’il se trouvait en communion directe avec elle, à travers le temps et l’espace !… Et pourtant où était-elle, cette mère ?… Vivait-elle encore, ou bien avait-elle péri ? Pleurait-elle son fils, ou bien ce fils devait-il au contraire la regarder comme à jamais perdue ?…

Il était depuis plusieurs minutes absorbé dans ses pensées, la tête penchée sur sa poitrine, quand un mot de dame Katrina la lui fit relever.

« Erik, tu es toujours notre enfant !… » cria-t-elle, inquiète de ce silence.

Les yeux du jeune garçon, en se portant autour de lui, rencontrèrent toutes ces bonnes figures aimantes, le regard maternel de la digne femme, la face loyale de maaster Hersebom, celle d’Otto, plus affectueuse encore qu’à l’ordinaire, celle de