petit banc sous la cheminée, comme ils avaient fait si souvent jadis, entamèrent une de ces bonnes causeries intimes où l’on se conte tout ce qu’on a soif de savoir, où l’on se redit tout ce qu’on s’est dit cent fois.
Cependant, Katrina allait et venait dans la salle, mettant chaque chose en ordre et exigeant que Vanda « fît la dame », comme elle disait, c’est-à-dire que, pour une fois, elle ne s’occupât point du ménage.
Quant à maaster Hersebom, il s’était établi dans son grand fauteuil et fumait silencieusement sa pipe. Ce fut seulement après avoir mené à bonne fin cette importante opération qu’il se décida à ouvrir la lettre du docteur.
Il la lut sans mot dire, puis il la referma, la mit dans sa poche et bourra une seconde pipe, qu’il fuma comme la première, sans prononcer une parole. Toute la soirée, il resta ainsi absorbé dans ses réflexions.
Quoiqu’il n’eût jamais été bavard, ce silence ne laissait pas de paraître singulier. Dame Katrina, qui avait enfin terminé sa besogne et qui était venue à son tour s’asseoir auprès du feu, fit une ou deux tentatives pour obtenir une réponse de son mari. Mais, se voyant repoussée, elle tomba bientôt dans une profonde mélancolie, et les enfants eux-mêmes, après avoir bavardé jusqu’à perdre haleine, commencèrent à se sentir gagnés par la tristesse évidente de leurs parents.