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tretten yule dage.

Bientôt il n’y eut plus de doute : le voyageur avait aperçu ceux qui l’attendaient devant la maison, et, ôtant aussitôt son bonnet, il l’agitait au-dessus de sa tête.

Deux minutes plus tard, Erik tombait dans les bras de dame Katrina, d’Otto, de Vanda, de maaster Hersebom qui avait quitté son fauteuil pour s’avancer jusqu’au seuil.

On le serrait à l’étouffer, on le dévorait de caresses, on s’extasiait sur sa belle mine. Dame Katrina surtout n’en revenait pas.

Quoi ! c’était là l’enfant chéri qu’elle avait bercé sur ses genoux !… Ce grand garçon à l’air franc et résolu, aux larges épaules, à la tournure élégante, dont la lèvre s’estompait déjà d’une ombre de moustache !… Était-ce possible ?…

La brave femme se sentait saisie d’une sorte de respect pour son ancien nourrisson. Elle était fière de lui, fière surtout des larmes de bonheur qu’elle voyait dans ses yeux bruns. Car, lui aussi, il était profondément ému.

« Mère, c’est bien vous ! disait-il. Enfin, je vous revois et je vous tiens !… Que ces deux années m’ont paru longues !… Est-ce que je vous ai manqué à tous comme vous m’avez manqué ?…

— Certes ! dit gravement maaster Hersebom. Pas un jour ne s’est passé sans que nous ayons parlé de toi !… Le soir, à la veillée, ou le matin, à table, c’est ton nom qui venait constamment sur nos lèvres !… Mais toi, mon garçon, tu ne nous as pas