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à stockholm.

Heureusement pour lui, le docteur avait affaire à des amis qui le désarmaient toujours — le professeur par son flegme inaltérable, et l’avocat par la sérénité de son scepticisme.

« Vous avez raison, disait gravement le premier, en réponse aux reproches les plus acerbes.

— Mon cher Schwaryencrona, vous savez bien que vous perdez vos peines à me sermonner ! disait en riant M. Bredejord. Toute ma vie je commettrai au whist les fautes les plus grossières, et le pis, c’est que je ne m’en repends pas ! »

Que faire avec des pécheurs aussi endurcis ? Le docteur se voyait obligé de rengainer ses critiques ; mais c’était pour les renouveler un quart d’heure plus tard, car il était incorrigible.

Le hasard voulait précisément, ce soir-là, qu’il perdît à tout coup. Aussi sa mauvaise humeur se fit-elle jour par les observations les plus dures pour le professeur, pour l’avocat et même pour le « mort », quand ce personnage imaginaire n’avait pas le nombre d’atouts que le docteur se croyait en droit de trouver chez lui.

Mais le professeur alignait imperturbablement ses fiches, et l’avocat ne répondait que par des facéties aux reproches les plus amers.

« Pourquoi voulez-vous que je change de méthode, puisque je gagne en jouant mal, tandis que vous perdez en jouant à merveille ? » disait-il au docteur.

On arrivait ainsi à dix heures. Kajsa fit le thé dans