ou plutôt un mousse de Bergen ?… Et qui lit Gibbon en anglais !… reprit-il, après avoir d’un coup d’œil vérifié quel était le livre si absorbant dans lequel était plongé le petit paysan. — Et cela vous intéresse, mon garçon ? demanda-t-il.
— Oui, Monsieur, c’est un ouvrage que je désirais lire depuis longtemps, le premier volume de la Décadence de l’Empire romain, répondit naïvement Erik.
— Malepeste ! s’écria M. l’avocat, il paraît que les mousses de Bergen aiment les lectures sérieuses !… Mais êtes-vous bien de Bergen ? reprit-il presque aussitôt.
— Je suis de Noroë, qui n’en est pas loin, répondit Erik.
— Ah !… A-t-on généralement les yeux et les cheveux aussi bruns que vous, à Noroë ?
— Non, Monsieur. Mon frère, ma sœur, et tous les autres sont blonds, à peu près comme mademoiselle, reprit Erik. Mais ils ne s’habillent pas comme elle, ajouta-t-il en souriant. Aussi ne lui ressemblent-ils guère.
— Non, je m’en doute, dit M. Bredejord. Mademoiselle Kajsa est un produit de la civilisation. Là-bas, c’est la belle nature, « qui n’a pour parure que sa simplicité[1] ». Et que venez-vous faire à Stockholm, mon garçon, si je ne suis pas trop curieux ?
- ↑ Most adorned when unadorned.