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l’épave du cynthia.

— Elles empêchent de voir les étoiles, reprit le jeune garçon.

— C’est que nous sommes ici dans le quartier noble, répliqua Kajsa, piquée de ces critiques. Il n’y a qu’à passer les ponts pour trouver des rues plus larges.

— Je les ai vues en venant de la gare, mais la plus belle est moins large que le fjord de Noroë ! riposta Erik.

— Ah ! ah !… dit le docteur, est-ce que nous avons déjà le mal du pays ?

— Non, répondit résolument Erik, je vous suis trop obligé, cher docteur, pour regretter un instant d’être venu. Mais vous me demandez ce que je pense de Stockholm, je vous le dis.

— Noroë doit être un affreux petit trou ! reprit Kajsa.

— Un affreux petit trou ! répéta Erik avec indignation. Ceux qui disent pareille chose n’ont donc pas d’yeux, « frøken » Kajsa ? Si vous pouviez seulement voir la ceinture de granit que les rochers font à notre fjord, et nos montagnes, nos glaciers, nos forêts de pins tous noirs contre le ciel pâle ! Et au-delà, la grande mer, tantôt tumultueuse et terrible, tantôt douce, comme si elle s’apprêtait à vous bercer. Et les vols de mouettes qui passent se perdre dans l’infini et reviennent vous effleurer de leur aile !… Oh ! tout cela est beau, allez, plus beau que la ville !

— Je ne parlais pas du paysage, mais des mai-