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les idées de master hersebom.

chaleur. Personne plus que moi n’admire et n’honore le travail ! Croyez-vous donc, maître Hersebom, que je puisse oublier d’où je suis sorti !… Mon père et mon grand-père étaient des pêcheurs tout comme vous ! Et c’est justement parce qu’ils ont eu la prévoyance de me donner de l’éducation que j’apprécie ce bienfait à sa valeur et que je voudrais l’assurer à un enfant qui le mérite !… Son intérêt seul me guide, croyez-le bien…

— Eh ! que sais-je, moi ?… Erik sera bien avancé quand vous aurez fait de lui un « monsieur », qui ne saura pas se servir de ses bras !… Et si vous ne retrouvez pas sa famille, comme c’est plus que probable, après douze années, nous aurons préparé une belle besogne !… Allez, monsieur le docteur, c’est une brave vie que celle de l’homme de mer, et qui en vaut bien une autre !… Un bon bateau sous ses pieds, la bise fraîche dans ses cheveux et quatre ou cinq douzaines de morues au bout de ses lignes de fond, un pêcheur norvégien ne craint rien et ne doit rien à personne !… Vous dites qu’Erik ne serait pas heureux de cette vie ? Permettez-moi de croire le contraire ! Je le connais bien, l’enfant !… Il aime les livres ; mais, par-dessus tout, il aime la mer ! On dirait qu’il se ressent d’avoir été bercé par elle, et tous les musées du monde ne le consoleraient pas d’en être loin !

— Mais nous avons aussi la mer à Stockholm, dit en souriant le docteur, ému malgré lui de cette affectueuse résistance.