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chez un pêcheur de noroë.

croyait votre fils, que tout le monde à Noroë avait oublié comment il l’était devenu. Aussi, vous voyez que j’ai eu soin de ne pas parler devant le garçon et que j’ai commencé par l’envoyer au lit, comme son frère et sa sœur… Vous dites qu’il pouvait être âgé de sept à huit mois quand vous l’avez recueilli ?

— À peu près ! Il avait déjà quatre dents, le brigand, et je vous assure qu’il n’a pas été longtemps avant de s’en servir ! dit Hersebom en riant.

— Oh ! c’était un enfant superbe ! reprit vivement Katrina, blanc, ferme, bien râblé !… Et des bras, et des jambes !… Il fallait voir…

— Comment était-il vêtu ? » demanda le docteur Schwaryencrona.

Hersebom ne répondit pas, mais sa femme montra moins de discrétion.

« Comme un petit prince ! s’écria-t-elle. Figurez-vous, monsieur le docteur, une robe de piqué toute garnie de dentelles, une pelisse doublée de satin, comme le fils du roi ne pourrait pas en avoir de plus belle, un petit bonnet plissé, une capote de velours blanc !… Tout ce qu’il y a de plus beau !… Du reste, vous pouvez en juger, car j’ai tout gardé intact. Vous pensez bien que nous ne nous sommes pas amusés à habiller le bébé de cette toilette !… Je lui mettais tout uniment les petites robes d’Otto, que j’avais conservées, et qui ont servi plus tard pour Vanda !… Mais son trousseau est là, et je vais vous le montrer. »