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— Cela me paraît très vraisemblable, dit M. Bredejord. Et j’ajoute que la suite des événements confirme pleinement cette hypothèse. Les premières annonces du docteur Schwaryencrona sont venues inquiéter Noah Jones. Il a cru indispensable de se débarrasser de Patrick O’Donoghan, mais s’est vu obligé d’agir prudemment, précisément parce que l’Irlandais affirmait avoir pris ses précautions. Il s’est donc contenté de l’épouvanter, probablement en lui faisant craindre, grâce à ces annonces, une intervention immédiate de la justice criminelle. Cela résulte du récit même que nous a fait à New York l’aubergiste du Red-Anchor, M. Bowles, et de la hâte avec laquelle O’Donoghan a pris la fuite. Il faut évidemment qu’il se soit cru menacé d’extradition pour avoir émigré aussi loin — jusque chez les Samoyèdes, et sous un nom d’emprunt. Noah Jones, qui lui avait sans doute donné ce conseil, a dû alors se croire à l’abri de toute surprise. Mais les annonces réclamant Patrick O’Donoghan lui ont remis, comme on dit, martel en tête. Il a donc fait le voyage de Stockholm tout exprès pour nous donner l’assurance que Patrick O’Donoghan était mort, et, sans doute aussi, pour voir de ses propres yeux jusqu’où notre enquête avait été poussée. Enfin est survenue la correspondance de la Véga et le départ de l’Alaska pour les mers arctiques. Noah Jones ou Tudor Brown, se voyant alors en péril imminent — car sa confiance en Patrick O’Dono-