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le val-féray. — conclusion.

constatation soudaine de la prodigieuse richesse de la source vinrent modifier la situation du tout au tout. Il ne pouvait plus être question de s’assurer pour un morceau de pain cette splendide propriété ; mais il suffisait, pour qu’elle fît retour à Noah Jones, que Georges d’abord, puis son unique héritier, disparussent de ce monde. Or, deux ans après son mariage, six mois après la naissance de mon petit-fils, Georges était relevé mort auprès d’un puits d’extraction, asphyxié, dirent les médecins, par des gaz irrespirables. Je n’étais déjà plus aux États-Unis, ma nomination de consul à Riga étant survenue dans l’intervalle, les affaires de la succession furent réglées par un solicitor. Noah Jones se montra de bonne composition et souscrivit à tous les arrangements pris pour ma fille. Il resta convenu qu’il continuerait à exploiter le fonds commun et payerait semestriellement à la Central Bank de New York la part de nets profits revenant à l’enfant. Hélas ! il ne devait même pas en solder le premier semestre !… Ma fille prit passage sur le Cynthia pour venir me rejoindre. Le Cynthia se perdit corps et biens dans des conditions si suspectes que la Compagnie d’assurances réussit à se faire exonérer de toute responsabilité, et, dans ce naufrage, l’unique héritier de Georges disparut. Dès lors, Noah Jones restait seul propriétaire de la source Vandalia, qui lui a donné en moyenne, depuis cette époque, cent quatre-vingt mille dollars de revenu annuel !