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une lettre de paris.

laquelle j’aurais été mis par un officier suédois, par ce jeune marin que j’ai vu à Brest et dont je lui ai souvent parlé !… Elle ne sait pas, elle hésite encore, mais je crois qu’elle doit commencer à démêler la venue prochaine de quelque chose de nouveau ! Ce matin, à déjeuner, j’avais une peine extrême à cacher mon impatience ! J’ai fort bien vu qu’elle m’observait avec attention ! Deux ou trois fois même, j’ai cru qu’elle allait me demander une explication formelle !… J’en avais grand-peur, je l’avoue ! Si quelque malentendu, quelque contretemps soudain, ou, pis encore, quelque malheur était venu nous tomber sur la tête !… On craint tout dans une aventure comme la nôtre !… Aussi n’ai-je point dîné avec elle ce soir. J’ai prétexté d’une affaire, et je me suis soustrait par la fuite à une situation intolérable ! »

Sans attendre les bagages, on partit dans le coupé qui avait amené M. Durrien.

Cependant, Mme Durrien, toute seule dans le salon de la rue de Varennes, attendait le retour de son père avec impatience. Il avait deviné juste en redoutant, pour le dîner, une demande d’explications. Depuis plusieurs jours, elle était inquiète de ses allures, des dépêches incessantes qu’il recevait, des sous-entendus singuliers que semblaient recéler toutes ses paroles. Habituée à échanger avec lui les moindres pensées et les moindres impressions, elle ne comprenait même pas qu’il pût songer à lui cacher quelque chose. Plu-