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une lettre de paris.

restées inexpliquées. Toujours est-il qu’au milieu du désastre, au moment même où les passagers prenaient place les uns après les autres dans la chaloupe, mon petit-fils, âgé de sept mois, que sa mère venait d’attacher sur une bouée de sauvetage, glissa ou fut poussé à la mer, et disparut emporté par la tempête.

« Ma fille, affolée par cet affreux spectacle, voulait se précipiter dans les flots. Elle fut sauvée de vive force, jetée évanouie dans une embarcation où se trouvaient trois autres personnes, et qui seule échappa au désastre. L’embarcation aborda, au bout de quarante-neuf heures, sur l’une des îles Féroë. C’est de là que ma fille me revint, après une mortelle attente de sept semaines, grâce aux soins dévoués d’un matelot qui l’avait sauvée et qui me la ramena. Ce brave garçon, nommé John Denman, est mort depuis à mon service, en Asie Mineure.

« Nous n’avions aucun espoir sérieux que le pauvre bébé eût pu survivre au naufrage. Je fis pourtant tenter des recherches aux îles Féroë, aux îles Shetland et sur la côte norvégienne au nord de Bergen. L’idée que le berceau fût allé plus loin encore paraissait inadmissible. Je ne renonçai pourtant à mon enquête qu’au bout de trois années, et, pour que Noroë n’y ait pas été compris, il faut que ce soit un point singulièrement reculé et sans rapports directs avec la côte maritime.

« Quand tout espoir fut définitivement perdu,