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une lettre de paris.

je pleure depuis tant d’années, celui que j’ai cru perdu à jamais, celui que ma fille, ma pauvre fille, au cœur brisé, hélas ! par le drame du Cynthia, appelle encore et réclame tous les jours — son unique enfant, le sourire, la consolation, puis le désespoir de son veuvage !…

« Vous retrouver, vous retrouver vivant et glorieux, serait un bonheur trop extraordinaire et trop grand ! Je n’ose pas y croire avant qu’un signe de vous m’y autorise !… Et pourtant, cela semble maintenant si vraisemblable !… Les détails et les dates concordent si rigoureusement !… Votre physionomie et vos manières me rappellent si clairement celles de mon malheureux gendre. Dans l’unique occasion où le hasard nous a rapprochés, je me suis senti entraîné vers vous par une sympathie si soudaine et si profonde !… Il semble impossible que tout cela n’ait pas de raison d’être !

« Un mot, un mot tout de suite au télégraphe !… Je ne vais pas vivre jusqu’à l’arrivée de cette dépêche. Puisse-t-elle me donner la réponse que j’attends, que je désire si ardemment ! Puisse-t-elle apporter à ma pauvre fille et à moi un bonheur qui effacera toute une vie de regrets et de larmes !

« E. Durrien,
Consul général honoraire,
104, rue de Varennes, Paris. »