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la fin du périple.

proposaient pour eux une récompense nationale.

Tous ces éloges et ce bruit gênaient Erik. Il avait conscience d’avoir principalement obéi, dans son entreprise, à des considérations d’ordre personnel, et se faisait scrupule de récolter une gloire qu’il trouvait au moins exagérée. Aussi saisit-il la première occasion qui se présenta de dire franchement ce qu’il était allé chercher dans les mers polaires — sans l’avoir trouvé d’ailleurs —, le secret de sa naissance, de son origine, du naufrage du Cynthia.

L’occasion se présenta sous la figure d’un personnage imberbe, haut comme une botte, vif comme un écureuil, attaché en qualité de reporter à l’un des principaux journaux de Stockholm, et qui se présenta à bord de l’Alaska, pour solliciter la faveur d’une « entrevue personnelle » avec le jeune commandant. Le but de l’intelligent gazetier, disons-le bien vite, était tout uniment de soutirer à sa victime les éléments d’une biographie de cent lignes. Il ne pouvait tomber sur un sujet mieux disposé à se soumettre à la vivisection. Erik avait soif de dire la vérité et de proclamer qu’il ne méritait pas d’être pris pour un Christophe Colomb.

Il conta donc tout sans réticence, refit son histoire, expliqua comment il avait été recueilli en mer par un pauvre pêcheur de Noroë, élevé par M. Malarius, amené à Stockholm par le docteur Schwaryencrona, comment on était venu à savoir que Patrick O’Donoghan connaissait probablement