Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

307
la fin du périple.

quatre jours, le premier périple circumpolaire, par un navigateur de vingt-deux ans.

Ce tour de force géographique, qui venait compléter et contrôler si promptement la grande expédition de Nordenskiold, devait bientôt avoir dans le monde un retentissement prodigieux. Mais, pour le moment, les journaux et revues n’en avaient pas encore expliqué les mérites. Quelques initiés à peine étaient en état de les apprécier, et une personne au moins n’avait garde de les soupçonner — c’était Kajsa.

Il fallait voir le sourire de supériorité avec lequel elle accueillit le récit du voyage.

« S’il y a du bon sens à s’en aller volontairement s’exposer à des dangers pareils ! » dit-elle pour tout commentaire.

Sans compter qu’à la première occasion, elle ne manqua pas d’ajouter à l’adresse d’Erik :

« Enfin, nous voilà toujours débarrassés de cette ennuyeuse affaire, maintenant que le fameux Irlandais est mort ! »

Quelle différence de ce jugement sec et froid avec la lettre pleine d’effusions et de tendresses qu’Erik reçut bientôt de Noroë ! Vanda lui contait dans quelles transes elle et sa mère avaient passé ces longs mois, comme leur pensée n’avait pas cessé d’être avec les voyageurs, comme elles étaient heureuses de les voir enfin revenus à bon port !… Si l’expédition n’avait pas eu tous les résultats qu’en attendait Erik, il ne fallait pas s’en affliger