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la fin du périple.

agitaient leurs mouchoirs, lançaient leurs bonnets en l’air, cherchaient par tous les moyens à se signaler à leurs amis.

Enfin, l’ḖAlaska s’arrêta. Une baleinière se détacha du bord, et vingt minutes ne s’étaient pas écoulées qu’elle accostait à la banquise.

Comment dire la joie profonde du docteur Schwaryencrona, de M. Bredejord, de M. Malarius et d’Otto en retrouvant sains et saufs ceux qu’ils croyaient perdus !

On se raconta tout : les épouvantes et les désespoirs de la nuit, les vains appels, les impuissantes colères. L’Alaska, en se trouvant, au jour, presque libre de glaces, avait eu recours à la mine pour achever de se dégager. M. Bosewitz ayant pris le commandement, en qualité de second officier, on s’était aussitôt mis en quête de la banquise flottante, dans la direction du vent qui l’avait entraînée. Cette navigation au milieu des glaces, mises en mouvement, était la plus périlleuse que l’Alaska eût encore accomplie. Mais, grâce aux excellentes habitudes données à l’équipage par son jeune capitaine, à l’expérience acquise, à la précision des manœuvres, on était parvenu à se mouvoir sans encombre entre ces masses errantes. L’Alaska avait d’ailleurs bénéficié de cette circonstance qu’il courait dans le sens même des glaces, avec une vitesse supérieure à la leur. Le bonheur avait voulu que sa poursuite ne fût pas vaine. À neuf heures du matin, la grande banquise avait été