Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

298
l’épave du cynthia.

Je ne vous demande pas de vous accuser, si vous avez quelque chose à vous reprocher !… Donnez-moi seulement une indication, si légère qu’elle soit : mettez-moi sur la voie, c’est tout ce qu’il me faut !…

— Ma foi, autant vous faire ce plaisir, dit Patrick, évidemment ému. Vous saurez donc que j’étais novice à bord du Cynthia… »

Il s’arrêta court.

Erik était suspendu à ses lèvres… Touchait-il enfin au but ?… Allait-il savoir le mot de l’énigme ? connaître le nom de sa famille ? celui de sa patrie ?… En vérité, cet espoir ne semblait plus chimérique… Tout entier aux paroles du blessé, il attachait ses yeux sur lui, prêt à boire avec avidité ce qu’il était au moment d’apprendre. Pour rien au monde il n’aurait troublé ce récit par une interruption ou même par un geste. Il ne remarqua même pas qu’une ombre venait de surgir derrière lui. C’était pourtant la vue de cette ombre qui coupait court au récit de Patrick.

« M. Jones !… » dit-il du ton d’un écolier, surpris en flagrant délit de bavardage.

Erik se retourna et vit Tudor Brown, debout devant un hummock voisin, qui l’avait jusqu’à ce moment caché aux regards. L’exclamation de l’Irlandais confirmait le soupçon qui, tout à l’heure, s’était présenté à sa pensée : MM. Jones et Tudor Brown ne faisaient qu’un seul et même individu !