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l’épave du cynthia.

Ce nom s’y trouvait, tatoué en bleu, dans un écusson grossièrement dessiné : « Patrick O’Donoghan, Cynthia. »

Et le cœur battait !… Et l’homme n’était pas mort !… Il avait seulement une large blessure à la tête, une autre à l’épaule, et, sur la poitrine, une contusion qui devait grandement gêner ses mouvements respiratoires.

« Il faut le transporter à notre abri, le panser, le rappeler à la vie ! » dit Erik à maaster Hersebom.

Et il ajouta à voix basse, comme s’il craignait d’être entendu :

« C’est lui, père, celui que nous cherchons depuis si longtemps sans l’atteindre, Patrick O’Donoghan !… Le voilà et presque sans souffle ! »

La pensée que le secret de sa vie était là, sous ce crâne épais et sanglant, où la mort semblait déjà avoir posé son empreinte, allumait dans les yeux d’Erik une flamme sombre. Son père adoptif devina ce qui se passait en lui et ne put s’empêcher de hausser les épaules. Il semblait dire :

« La belle avance, quand même on pourrait tout savoir maintenant !… Et comme tous les secrets du monde importent dans notre position ! »

Il n’en prit pas moins le corps par les jambes, tandis qu’Erik le tenait sous les bras, et, chargés de ce fardeau, ils se remirent en marche.

Le mouvement fit ouvrir les yeux au blessé. Bientôt la douleur que lui causaient ses plaies fut si vive, qu’il exhala des plaintes confuses, où le