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coups de fusil.

le premier tiers ou la tête du cétacé. Mais il était assez difficile, en somme, de juger de son étendue ou de sa forme véritable. Un grand nombre de hummocks en accidentaient la surface et barraient la vue de tous côtés. L’extrémité qui correspondait, la veille, au fond du golfe était la plus éloignée. Il fut résolu qu’on se dirigerait d’abord dans cette direction. Autant qu’il était possible de l’affirmer, d’après la position du soleil, ce bout de banquise qui s’étendait vers l’ouest, avant de se détacher de la masse dont elle faisait partie, était maintenant tourné au nord. Il y avait donc lieu de supposer que le bateau voguait vers le sud, sous l’influence des courants ou de la brise, et le fait qu’on n’aperçût plus trace de la longue barrière de glaces étendue vers le 78e parallèle de l’est à l’ouest corroborait pleinement cette hypothèse.

La banquise était entièrement couverte de neige, et sur cette neige se voyaient, de loin en loin, des mouchetures noires que maaster Hersebom reconnut immédiatement pour des « ougiouks », c’est-à-dire pour des morses barbus de grande espèce. Ces morses habitaient sans doute des crevasses ou des cavernes de la banquise, et, se croyant parfaitement à l’abri de toute attaque, en profitaient pour se chauffer au soleil.

Il fallut plus d’une heure de marche à Erik et à maaster Hersebom pour arriver à la pointe extrême du radeau. Ils en avaient à peu près constamment suivi le bord du côté est, parce que cela