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l’épave du cynthia.

de service. Les malheureux naufragés en furent réduits à l’abandonner alors parce que les vagues venaient les visiter jusque sur leur refuge. Heureusement pour eux, ils possédaient un grand canot — ce qui leur permettait de déménager quand la banquise n’était plus habitable et d’aller en chercher une autre. Ils passèrent ainsi à plusieurs reprises de glaçon en glaçon, comme des ours blancs, jusqu’au moment où il leur fut enfin possible de retrouver la terre ferme.

— Ah ! voilà ! dit maaster Hersebom, ils avaient un canot, eux, et nous n’en avons pas !… À moins de nous embarquer dans une barrique vide, je ne vois pas trop comment nous pourrons quitter ce radeau-ci !

— C’est ce que nous verrons, quand il en sera temps, répondit Erik. Pour le moment, ce que nous avons de mieux à faire, c’est de procéder à une exploration complète de notre domaine ! »

Maaster Hersebom et lui se levèrent, et tous deux commencèrent par grimper sur une sorte de monticule de glaçon et de neige — un « hummock », tel est le nom technique —, pour prendre une idée générale de la banquise. Elle se présentait sous la forme d’un long radeau, ou, pour mieux dire, d’une île, de douze ou peut-être quinze kilomètres d’un bout à l’autre, figurant grossièrement un prodigieux cétacé, allongé à la surface de l’océan Polaire. Le dépôt de vivres se trouvait à peu près au niveau d’une ligne qui aurait délimité