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l’épave du cynthia.

Maaster Hersebom lui-même, si peu enclin qu’il pût être en général, et spécialement dans la condition où il se trouvait, à admirer les splendeurs de la nature arctique, ne put s’empêcher d’en être saisi.

« Que tout cela serait beau à voir du pont d’un bon navire ! dit-il en soupirant.

— Bah ! lui répondit Erik avec sa bonne humeur habituelle, à bord d’un navire, il faudrait songer seulement à éviter tous ces icebergs et à ne pas être mis en pièces, tandis que, sur cette île de glace, nous n’avons pas à nous inquiéter de ces misères ! »

C’était évidemment un point de vue fort optimiste, Maaster Hersebom se contenta de sourire tristement. Mais Erik était décidé à prendre les choses par le bon côté.

« N’est-ce pas un bonheur extraordinaire que nous ayons ce dépôt de vivres ? reprit-il. Notre cas ne serait véritablement désespéré que si nous nous trouvions démunis de tout. Mais, avec vingt tonneaux de biscuit, de viande fumée et de brandevin, avec nos fusils par surcroît et notre ceinture à cartouches, que pouvons-nous avoir à craindre ? Au pis d’attendre quelques semaines, sans apercevoir une terre où nous puissions aborder !… Vous verrez, cher père, que nous nous tirerons de cette aventure comme s’en sont tirés les naufragés de la Hansa !

— De la Hansa ? demanda maaster Hersebom avec curiosité.