Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

283
coups de canon

N’était-il pas possible que la tempête, en changeant de direction, eût simplement chassé au fond du golfe les glaces flottantes au milieu desquelles se trouvait fixé l’Alaska ?

Oui, évidemment, c’était possible. Il restait à vérifier si c’était vrai.

Sans plus tarder, Erik se dirigea vers le fond du golfe, suivi de maaster Hersebom.

Ils marchèrent longtemps — l’espace de quatre ou cinq kilomètres. Partout le bord de la banquise était libre de « drift-ice » ; les lames furieuses venaient s’y briser comme sur une grève ; mais le fond du golfe ne se montrait point, et, ce qui semblait plus étrange encore, le promontoire qui le fermait vers le sud avait disparu.

Enfin, Erik s’arrêta. Cette fois il avait compris. Il prit la main de maaster Hersebom et la serra dans les siennes.

« Père, dit-il, d’une voix grave, vous êtes de ceux à qui l’on peut dire la vérité !… Eh bien, la vérité, c’est que la banquise s’est rompue, séparée de la masse qui enferme l’Alaska, et que nous sommes sur une île de glace de quelques kilomètres de long, de quelque cent mètres de large, emportés sur les eaux au gré de la tempête ! »