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coups de canon

ceux qui resteraient à bord, ne fussent jaloux et démoralisés par cette mesure qui les inquiéterait !

— C’est vrai ! reprit Erik. Il sera plus sage de les occuper tous jusqu’au dernier moment à lutter contre la tempête, et c’est en somme la seule chance que nous puissions avoir de sauver le navire. Mais, puisque nous voici sur la banquise, si nous en profitions pour voir un peu comment elle se comporte ? J’avoue que tous ces craquements et ces détonations ne sont pas sans me donner des doutes sur sa solidité ! »

Erik et son père adoptif n’avaient pas fait, au-delà du dépôt de vivres, trois cents pas vers le nord, quand ils furent arrêtés court. Une crevasse gigantesque s’ouvrait sous leurs pieds. Pour la franchir, il aurait fallu de longues perches dont ils avaient négligé de se munir. Aussi prirent-ils le parti d’en suivre le bord, en obliquant vers l’ouest, afin de voir jusqu’où elle se prolongeait.

Ils trouvèrent alors que cette crevasse ou plutôt cette fissure se continuait dans cette direction sur une très longue ligne — si longue qu’après avoir marché pendant plus d’une demi-heure, ils n’en voyaient pas la fin. Rassurés par leur exploration sur l’étendue du champ de glace où se trouvait établi le dépôt de vivres, ils revinrent sur leurs pas.

Comme ils étaient à moitié chemin environ de la distance qui les séparait de ce dépôt, une nouvelle vibration de la banquise se produisit, suivie de détonations, de craquements et d’un vacarme