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coups de canon

prouvez et si vous acceptez d’avance les complications où elle peut nous jeter ! »

Les hommes se consultèrent à voix basse et chargèrent maaster Hersebom de formuler leur opinion.

« Nous sommes d’avis que le devoir de l'Alaska est de tout sacrifier à la capture de ce misérable, dit-il tranquillement.

— Fort bien ! nous allons donc faire de notre mieux pour y arriver », répliqua Erik.

Sûr désormais que l’équipage était avec lui, il ne ménagea pas le combustible et parvint à se maintenir, en dépit des efforts désespérés que faisait Tudor Brown pour le distancer. À peine le soleil s’était-il couché que l’œil électrique de l’Alaska s’alluma à la pointe de son grand mât et se fixa impitoyablement sur l’Albatros, pour ne plus le quitter jusqu’au jour. Toute la nuit, l’intervalle resta le même entre les deux navires. L’aube, en se levant, les trouva toujours courant vers le pôle. À midi, l’observation solaire donna comme position de l’Alaska 78° 21′ 14″ de latitude nord, par 98° de longitude est.

Les glaces flottantes, qu’on n’avait plus aperçues depuis dix ou quinze jours, commençaient à redevenir nombreuses. Il fallait par instants les fendre à coups d’éperon, comme naguère dans la mer de Baffin. Erik, convaincu que la banquise n’allait pas tarder à se montrer, eut soin d’obliquer légèrement sur la droite de l’Albatros, de manière à lui