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l’épave du cynthia.

ôter sa pelisse, et toi, Vanda, un couvert de plus ! disait-elle, hospitalière comme toutes les ménagères norvégiennes. Monsieur le docteur nous fera bien la faveur de manger un morceau avec nous ?

— Ma foi, ce ne serait pas de refus, croyez-le bien, si j’avais le moindre appétit, car voilà un plat de saumon fort tentant !… Mais il n’y a pas une heure que j’ai soupé avec mon ami Malarius, et je ne serais certes pas venu sitôt si j’avais cru vous trouver encore à table !… Si vous voulez me faire grand plaisir, vous reprendrez vos places et vous fonctionnerez comme si je n’étais pas là.

— Oh ! monsieur le docteur, implora la bonne femme, vous accepterez au moins quelques « snorgas » et une tasse de thé ?

— Va pour la tasse de thé, mais à une condition, c’est que vous dînerez d’abord », répondit le docteur en s’installant dans le grand fauteuil qui lui tendait les bras.

Aussitôt Vanda mit discrètement la bouilloire sur le feu et disparut comme un sylphe dans la salle voisine, tandis que toute la famille, comprenant avec une courtoisie native qu’elle désobligerait son hôte en insistant, se remettait en devoir d’attaquer les vivres.

En deux minutes le docteur se fut mis à l’aise. Tout en tisonnant dans la cheminée et se rôtissant les jambes à la flambée de bois sec que Katrina venait d’y jeter avant de se remettre à table, il causait du vieux temps, des anciens qui avaient