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enfin !

son nom à la grande péninsule sibérienne dont le cap Tchelynskin n’est que la pointe extrême, l’Alaska se dirigea vers l’ouest et navigua sans relâche pendant toute la journée et la nuit du 17. Le 18 au matin, on sortit enfin du brouillard pour entrer dans une atmosphère pure et ensoleillée. À midi, on put faire le point. Cette opération s’achevait, quand la vigie signala une voile au sud-ouest.

Une voile dans ces mers peu fréquentées était un phénomène trop extraordinaire pour ne pas obtenir une attention toute spéciale. Erik grimpa sans tarder au « nid de corbeau », et, lorgnette en main, examina longuement le navire qui venait de lui être signalé. Il lui parut bas sur l’eau, gréé en schooner et muni d’une cheminée, quoi qu’il ne marchait pas présentement à la vapeur.

En redescendant sur le pont, le jeune commandant était très pâle.

« Cela m’a tout l’air d’être l’Albatros », dit-il au docteur.

Puis, il donna l’ordre de pousser les feux de la machine.

En moins d’un quart d’heure, il fut visible qu’on gagnait sur le navire, dont la coque se dessina à l’œil nu. Outre qu’il allait à la voile avec une brise des plus faibles, sa direction formait avec celle de l’Alaska un angle très aigu.

Mais, soudain, un changement se produisit dans son allure. Une fumée épaisse jaillit de sa chemi-