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enfin !

l’île était absolument inhabité. Il n’y avait pas trace de sentier, pas le moindre vestige d’être vivant. De tous côtés, des dunes et des vallées s’étendant à perte de vue, sans aucune végétation, sans un oiseau, sans un insecte pour en animer la solitude. Et partout des ossements gigantesques, gisant sur le sol, comme si une armée de mammouths, de rhinocéros et d’aurochs fût venue jadis, devant quelque effrayant cataclysme, se réfugier, pour y mourir, sur cette île perdue. Au dernier plan, derrière ces dunes et ces vallées, un rideau de hauteurs couvertes de neiges et de glaciers.

« Partons ! dit le docteur Schwaryencrona. Il n’y a rien à attendre d’une exploration plus complète, et ce que nous voyons suffit à nous assurer qu’il n’aura guère fallu prier O’Donoghan pour le décider à partir ! »

Avant quatre heures, la baleinière avait regagné l’Alaska, qui se remit en route.

Erik ne se dissimulait pas que ses espérances venaient de recevoir un coup décisif. Tudor Brown ayant réussi à le gagner de vitesse, à visiter le premier l’île Ljakow, et sans doute à emmener Patrick O’Donoghan, il était désormais bien peu probable qu’on arrivât jamais à le retrouver ! Un homme capable de faire tout ce qu’il avait osé contre l’Alaska, capable de déployer une énergie aussi farouche pour venir enlever l’Irlandais en pareil lieu, ne serait assurément pas en peine d’empêcher désormais qu’on pût l’atteindre. Le monde est grand, et