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l’épave du cynthia.

apparence, il en était sorti depuis fort peu de temps.

Était-ce pour quitter l’île ? Était-ce au contraire pour la parcourir ? C’est ce qu’aucun indice ne révélait, et ce qu’une exploration du pays pouvait seule faire connaître.

Autour de l’installation, des tranchées et des terres remuées portaient témoignage de travaux assez actifs. Sur une sorte de plateau, qui formait le sommet de la colline, une vingtaine de défenses d’ivoire fossile, rangées en ligne, indiquait la nature de ces travaux. C’étaient évidemment des fouilles destinées à exhumer ces restes des âges disparus. Les voyageurs s’expliquèrent que les fouilles eussent été nécessaires, en constatant que les nombreux squelettes d’éléphants ou de mammouths gisant à fleur de terre étaient tous privés de leur ivoire. Sans doute, les indigènes de la côte sibérienne n’avaient pas attendu la visite de Patrick O’Donoghan à l’île Ljakow pour venir eux-mêmes en exploiter les richesses, et l’Irlandais n’avait à peu près rien trouvé de précieux à la surface du sol. Il s’était donc vu réduit à le creuser pour exhumer l’ivoire qui pouvait y être enfoui et dont la qualité semblait d’ailleurs très inférieure.

Or, le jeune médecin de la Véga, comme le propriétaire de l’auberge du Red-Anchor, à New York, avait déclaré que la paresse était un des traits distinctifs de Patrick O’Donoghan. Il semblait donc peu probable qu’il se fût longtemps