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l’épave du cynthia.

d’un radeau de glace, voit se former autour de lui une couche de détritus, dont la cendre de charbon brûlé constitue l’élément principal. Ces objets étant plus foncés que la neige et absorbant plus de calorique, il s’ensuit qu’ils accélèrent la fonte ou l’empêchent en agissant comme isolateurs, selon qu’ils se trouvent en amas plus ou moins denses ou considérables. Aussi, quand le dégel arrive, la zone attenante au navire prend-elle bientôt l’aspect que vous lui voyez, et devient-elle un véritable chaos de dépressions grandes ou petites, de creux en forme d’entonnoir et de plates-formes déchiquetées ! »

L’équipage de la Véga, en tenue arctique, et deux ou trois officiers, groupés sur la dunette, regardaient déjà venir ces visiteurs européens que leur amenait l’astronome. Leur joie fut grande de s’entendre saluer en suédois et de reconnaître, parmi les nouveaux venus, la physionomie si populaire du docteur Schwaryencrona.

Ni le professeur Nordenskjöld, ni le fidèle compagnon de ses voyages arctiques, le capitaine Palender, ne se trouvaient à bord. Ils étaient en excursion géologique dans l’intérieur des terres, et ne devaient pas rentrer avant cinq ou six jours[1]. Ce fut une première déception pour les

  1. Ils rentrèrent plus tôt, le 15 juillet, la débâcle s’opéra, et la Véga, après deux cent soixante-quatre jours de captivité dans les glaces, put reprendre son voyage. Le 20 juillet, elle sortait du détroit de Behring et faisait route pour Yokohama.