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chez un pêcheur de noroë.

pas juste et que le docteur ferait mieux de soigner ses malades à Stockholm que de venir ici faire notre métier et nous prendre notre gagne-pain ! »

Sur ces mots amers, le silence se fit. On n’entendit pendant quelques instants que le cliquetis des assiettes remuées par Vanda, tandis que sa mère vidait le contenu de la marmite sur un énorme plat de terre vernie.

Erik réfléchissait profondément à ce que venait de dire maaster Hersebom. Des objections se présentaient tumultueusement à son esprit ; comme il était la candeur même, il ne put s’empêcher de les formuler.

« Il me semble que vous avez raison de regretter les profits d’autrefois, père, dit-il, mais qu’il n’est pas tout à fait juste d’accuser le docteur Schwaryencrona de les avoir diminués ! Est-ce que son huile ne vaut pas mieux que l’huile de ménage ?

— Heu !… heu !… Elle est plus claire, voilà tout… Elle ne sent pas la résine comme la nôtre, à ce qu’ils disent !… Et c’est pourquoi toutes les mijaurées de la ville la préfèrent, sans doute ! Mais du diable si elle fait plus de bien aux poumons des malades que notre bonne vieille huile d’autrefois !…

— Enfin, pour une raison ou pour une autre, on la prend de préférence ! Et comme c’est un médicament très salutaire, il est essentiel que le public éprouve le moins de dégoût possible à s’en servir. Dès lors, si un médecin trouve le moyen de dimi-