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l’épave du cynthia.

des gelées nocturnes avaient commencé à ralentir sa marche ; la profonde obscurité des nuits nécessitait des arrêts fréquents. Le 27 septembre seulement, la Véga était arrivée au cap de Serdze-Kamen. Elle avait jeté l’ancre sur un banc de glace, espérant, le lendemain, pouvoir franchir les quelques milles qui la séparaient encore du détroit de Behring, c’est-à-dire des eaux libres du Pacifique. Mais le vent du nord, se levant dans la nuit, avait poussé tout autour du navire des amas de glaces, qui n’avaient fait, les jours suivants, que s’épaissir. La Véga s’était trouvée enfermée et condamnée à l’hivernage au moment même de toucher au but.

« Le désappointement a été grand pour nous, comme vous pouvez l’imaginer, dit le jeune astronome ; mais nous en avons bientôt pris notre parti en nous organisant de notre mieux pour faire tourner ce retard au profit de la science. Nous sommes entrés en relations avec les Tchouktches du voisinage, qu’aucun voyageur n’avait encore étudiés de près. Nous avons pu former un vocabulaire de leur langue, réunir une collection de leurs ustensiles, armes et outils. Nos observations magnétiques n’auront pas été sans utilité. Les naturalistes de la Véga ont ajouté un grand nombre d’espèces nouvelles à la flore et à la faune des régions arctiques. Enfin, le but principal de notre voyage est atteint, puisque nous avons doublé le cap Tchéliouskine et franchi les premiers la distance qui sépare les bouches de l’Yenisséï de