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l’épave du cynthia.

La barrière, qui tenait Nordenskjöld captif, n’avait pas dix kilomètres de large. Après l’avoir contournée, l’Alaska revint vers l’est pour mouiller dans une petite crique, restée libre parce qu’elle se trouvait abritée des vents du nord. Puis, Erik débarqua avec ses trois amis et se rendit par terre à l’établissement que la Véga avait formé sur la côte sibérienne pour passer ce long hivernage, et que signalait une colonne de fumée.

Cette côte de la baie de Koloutchin est formée par une plaine basse, légèrement ondulée et sillonnée de vallons d’érosion. Pas de bois, mais seulement quelques touffes de saules nains, des tapis de camarines et de licopodes, çà et là quelques pieds d’artémise. Au milieu de ces broussailles, l’été faisait déjà poindre quelques plantes que M. Malarius reconnut pour des espèces fort communes en Norvège, notamment l’aire, le rouge, et le pissenlit.

Le campement de la Véga se composait d’abord d’un grand dépôt de vivres, établi, sur les ordres de Norderskjöld, pour le cas où la pression des glaces aurait inopinément détruit son navire, comme il arrive si fréquemment en hiver dans ces redoutables parages. Détail touchant : les pauvres populations de cette côte, toujours affamées, et pour lesquelles ce dépôt de vivres représentait une richesse incalculable, l’avaient respecté, quoiqu’il fût à peine gardé. Les huttes de peaux de ces Tchouktches s’étaient groupées peu à peu autour