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chez un pêcheur de noroë.

Depuis une heure au moins le silence n’avait pas été rompu, et la lampe de cuivre, alimentée d’huile de poisson, éclairait paisiblement de ses quatre becs tous les détails de ce tranquille intérieur.

Pour dire la vérité, ce silence devait peser à dame Katrina, qui, depuis quelques instants, manifestait par divers symptômes le besoin de se délier la langue.

Enfin, elle n’y tint plus.

« Voilà bien assez de travail pour ce soir, dit-elle. Il est temps de mettre la table et de souper. »

Sans un mot de protestation, Erik, prenant son gros livre, alla s’établir plus près de la cheminée, tandis que Vanda, après avoir déposé son tricot, se dirigea vers le buffet et se mit en devoir de prendre assiettes et cuillers.

« Et tu disais, Otto, reprit la fileuse, que notre Erik a bien répondu tantôt à M. le docteur ? 

— Bien répondu ? s’écria Otto avec enthousiasme. Il a parlé comme un livre, voilà la vérité ! Je ne sais où il allait chercher tout ce qu’il savait… Plus le docteur demandait, plus il en avait à dire !… Et les mots venaient, venaient ! C’est M. Malarius qui était content !

— Et moi aussi j’étais contente, dit gravement Vanda.

— Oh ! nous l’étions tous, bien entendu ! Si vous aviez vu, mère, comme tout le monde écoutait bouche béante !… Nous n’avions qu’une peur,