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le plus court chemin.

Behring par la Méditerranée et le canal de Suez, ce serait tout à fait impossible par la voie du cap de Bonne-Espérance ou du cap Horn, et l’une ou l’autre de ces routes nous prendrait nécessairement cinq à six mois.

— Il y en a une autre qui abrégerait le voyage au lieu de l’allonger, et où nous serions sûrs de ne pas rencontrer Tudor Brown, dit Erik, sans s’émouvoir de l’objection.

— Une autre route ? répliqua M. Schwaryencrona. Ma foi, je ne la connais pas, à moins que tu ne veuilles parler de la voie de Panama !… Or, elle n’est pas encore praticable aux navires, que je sache, et ne le sera pas avant plusieurs années !

— Je ne songe ni à la voie de Panama ni à celle du cap Horn, ni à celle du cap de Bonne-Espérance, reprit le jeune commandant de l’Alaska. La route dont je parle, la seule par laquelle nous puissions arriver en trois mois au détroit de Behring, c’est l’océan Glacial, le passage du nord-ouest ! »

Puis, voyant ses auditeurs stupéfaits de cette conclusion inattendue. Erik la développa.

« Le passage du nord-ouest n’est plus aujourd’hui ce qu’il était jadis, reprit-il, l’épouvante et le tourment des navigateurs. C’est une voie intermittente — puisqu’elle n’est guère ouverte chaque année que pendant huit à dix semaines —, mais parfaitement connue maintenant, tracée sur d’excellentes cartes, fréquentée par des centaines de