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la basse-froide.

même de conserver intérieurement des sentiments moins héroïques.

Un fait nouveau vint pourtant donner la preuve que Tudor Brown poursuivait un programme défini. Le 14 mars, au soir, Erik avait vu les travaux de la machine presque achevés. Il ne restait plus qu’à ajuster une des pompes, et cela devait être fait le lendemain. À l’heure dite, on allait être prêt. Or, dans la nuit du 14 ou 15, ce corps de pompe disparut des ateliers de MM. Gamard, Norris et Cie, et il fut impossible de le retrouver. Comment s’était fait cet enlèvement ? Quels en étaient les auteurs ? C’est ce que l’enquête la plus minutieuse ne put établir.

Toujours est-il qu’il fallait maintenant dix jours de plus pour refaire ce travail, ce qui ajournait au 25 mars le départ de l’Alaska.

Chose singulière, cet incident eut plus d’influence sur l’esprit d’Erik que n’en avait eu le naufrage même. Il y vit, en effet, la marque certaine d’une volonté persistante d’empêcher le voyage de l’Alaska. Et cette évidence redoubla encore, s’il est possible, l’ardent désir qu’il avait de la mener à bien.

Ces dix jours de délai furent presque exclusivement consacrés par lui à examiner la question sous toutes ses faces. Plus il étudiait, plus il arrivait à se convaincre que se donner pour mandat d’arriver au détroit de Behring en trois mois, par un itinéraire connu de Tudor Brown, quand l’Alaska se