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l’épave du cynthia.

jouant au whist avec M. Malarius dans le petit salon de l’hôtel où ils étaient descendus en arrivant à Lorient.

Pour M. Bredejord, la question ne faisait pas doute. Un sacripant comme ce Tudor Brown, s’il connaissait l’échec de sa tentative — et comment douter qu’il la connût ? —, ne devait reculer devant rien pour la renouveler. Croire qu’on arriverait jamais au détroit de Behring était donc plus qu’une illusion, c’était de la démence. M. Bredejord ne savait pas comment Tudor Brown s’y prendrait pour l’empêcher ; mais il était certain qu’il en trouverait le moyen. Le docteur Schwaryencrona inclinait à penser de même, et M. Malarius ne se trouvait guère plus rassuré. Le découragement planait donc sur ces parties de whist, et les promenades que les trois amis faisaient aux alentours de la ville n’étaient pas non plus bien gaies. Leur grande affaire était de surveiller les travaux du mausolée qu’ils élevaient au commandant Marsilas, dont tout Lorient avait suivi les obsèques. Et la vue de ce monument funèbre n’était pas faite pour donner aux survivants de l’Alaska des idées couleur de rose.

Mais il leur suffisait de retrouver Erik pour se reprendre à espérer. Sa résolution à lui était si inébranlable, son activité si soutenue, il montrait une volonté si ferme d’aborder tous les obstacles, quels qu’ils fussent, avec la certitude de les vaincre, qu’il devenait impossible de manifester ou