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la basse-froide.

qu’on avait introduites dans la collection n’avaient pas de timbre. Le faussaire avait jugé qu’on n’y regarderait pas de si près pour courir à la mort.

Ces découvertes successives avaient plongé dans la consternation tous ceux qui prenaient part à l’enquête. Erik sortit le premier du profond silence qui avait succédé à la discussion.

« Pauvre commandant Marsilas ! dit-il d’une voix émue, c’est lui qui aura payé pour nous tous !… Mais, puisque nous avons échappé, presque par miracle, au sort qui nous était réservé, tâchons au moins de ne plus rien laisser au hasard !… La marée monte et sera bientôt assez haute pour qu’il soit possible de dégager l’Alaska !… Si vous le voulez bien, Messieurs, nous allons nous en occuper sans délai ! »

Il parlait avec une autorité simple, une dignité modeste que lui inspirait déjà le sentiment de la responsabilité. Se voir à son âge investi du commandement d’un navire, dans de telles circonstances et au début d’une expédition aussi hasardeuse, était certes une aventure assez imprévue. Mais il avait, depuis la veille, la certitude de se trouver à la hauteur de tous les devoirs ; il savait qu’il pouvait compter sur lui-même, sur son équipage, et cette idée le transfigurait. L’enfant d’hier était aujourd’hui un homme. La flamme des héros brillait dans son regard. Son ascendant s’imposait invinciblement à tout son entourage. M. Bredejord et le docteur le subissaient comme les autres.