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la basse-froide.

ghan était mort ? répliqua M. Bredejord. Dans quel but a-t-il souscrit vingt-cinq mille kröners pour le voyage de l’Alaska, quand ce voyage ne pouvait plus faire de doute ?… Dans quel but s’est-il embarqué avec nous pour nous quitter à Brest ?… En vérité, je trouve qu’il faudrait être aveugle pour ne pas voir maintenant, entre ces faits, un enchaînement aussi logique qu’effrayant ! Quel est dans tout cela l’intérêt de Tudor Brown ? Je l’ignore. Mais cet intérêt doit être bien grave, bien redoutable, pour qu’il n’ait pas reculé devant de pareils moyens d’arrêter notre conquête ! Car, j’en suis convaincu, maintenant, c’est lui qui nous a fait relâcher à Brest, c’est lui qui nous a conduits comme par la main sur l’écueil où nous devions trouver la mort !

— Il semble pourtant difficile qu’il ait prévu la route que choisirait le capitaine ! objecta honnêtement M. Malarius.

— Pourquoi ? Cette route n’était-elle pas tout indiquée par la modification même qu’il avait fait subir à la carte ? Après trois jours de retard, il était certain que le commandant Marsilas voudrait regagner le temps perdu et irait au plus court ! Croyant la mer libre au bord de Sein et allant au sud, il y avait neuf à parier sur dix qu’il se jetterait sur la Chaussée !…

— C’est vrai, dit Erik, mais la preuve que le procédé était bien incertain, c’est que j’avais insisté auprès du commandant pour qu’il courût encore à l’ouest.