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l’épave du cynthia.

vers sept heures du matin, il lui fut possible de procéder à cet examen.

Le navire se trouvait comme piqué sur ces dents de rochers, qui sortent du banc de sable. Trois de ces pointes avaient crevé le bordage extérieur de l’Alaska au moment du naufrage, et le maintenaient comme auraient pu le faire des étais. La direction même de ces étais, qui étaient inclinés vers le nord, c’est-à-dire en sens contraire de la marche de l’Alaska au moment du naufrage, expliquait qu’ils l’eussent arrêté net au bord même du banc de sable, et empêché d’aller se jeter plus avant sur l’écueil. La manœuvre suprême, commandée par Erik, avait aussi contribué à rendre le choc moins terrible. Le navire, ayant fait machine en arrière quelques secondes avant de toucher, n’avait été porté sur le récif que par ce qui lui restait de vitesse acquise et par le courant. Nul doute que, sans cela, il eût été mis en pièces. D’autre part, la brise et les lames, s’étant tenues toute la nuit dans le même sens, avaient aidé à maintenir l’Alaska en place, au lieu de le fixer sur les roches, comme cela n’aurait pas manqué avec un changement de vent. Au total, il n’était pas possible d’avoir plus de bonheur dans un désastre. Toute la question maintenant restait d’arriver à dégager le navire, avant qu’une saute de vent vînt modifier des conditions si favorables.

Erik résolut de ne pas perdre une minute. Aussitôt après le déjeuner de l’équipage, il mit tout le