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l’épave du cynthia.

charpentier. Là, il constata avec une vive satisfaction qu’aucune voie d’eau ne s’était produite. Le revêtement extérieur de l’Alaska avait évidemment protégé sa coque interne, et la précaution prise en vue des glaces polaires s’était trouvée des plus efficaces contre le récif armoricain. À la vérité, la machine à vapeur s’était arrêtée net, détraquée par l’effroyable secousse. Mais il ne s’était pas produit d’explosion, et l’on n’avait pas d’avarie vitale à déplorer. Erik résolut d’attendre le jour pour débarquer son monde, si cela était nécessaire.

Il se contenta donc de faire tirer le canon, pour demander du secours à l’île de Sein, et de mettre à la mer la chaloupe à vapeur pour la dépêcher à Lorient.

« Nulle part, se disait-il avec raison, il n’avait chance de trouver les moyens de sauvetage plus prompts et plus puissants que dans ce grand arsenal maritime de la France occidentale ! »

Ainsi, à cette heure tragique, où chacun à bord croyait tout perdu sans retour, il commençait déjà à espérer. Ou plutôt son âme intrépide était de celles qui ne connaissent pas le découragement et jamais ne s’avouent vaincues.

« Qu’il soit seulement possible de dégager l’Alaska, pensait-il, et nous verrons bien qui aura le dernier mot ! »

Mais il n’avait garde d’exprimer encore cet espoir, que les autres auraient sans doute trouvé chimérique. Il dit seulement, en revenant de la visite