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appuyons au sud-ouest.

que l’Alaska devait faire pour se rendre en Égypte. Pendant que le navire allait contourner la France et l’Espagne, il pouvait, si bon lui semblait, se donner une semaine de séjour à Paris ou sur tout autre point du trajet par terre, et rejoindre ensuite l’Alaska par la malle des Indes, soit à Alexandrie ou à Suez, soit même à Aden, à Colombo de Ceylan, à Singapour ou à Yokohama.

Mais enfin ce n’était qu’une possibilité. La réalité du moment, c’est qu’il ne se trouvait plus là, et il n’en fallait pas davantage pour mettre tout le monde en gaieté.

Aussi le dîner, qui eut lieu à six heures et demie, comme à l’ordinaire, fut-il le plus cordial qu’on eût encore vu. Au dessert, on but au succès de l’expédition, que chacun associait, plus ou moins distinctement, au fond de sa pensée, avec l’absence de Tudor Brown. Puis on monta sur le pont pour fumer un cigare.

La nuit était profonde. Au loin, vers le nord, on voyait briller le feu du cap Saint-Mathieu, celui des Pierres-Noires ou celui d’Ouessant. Vers le sud, on laissait à l’arrière le grand feu fixe du Bec-du-Raz et le feu clignotant à éclipses de Tevennec. Le petit feu fixe de la falaise du Bec-du-Raz, qui n’éclaire que deux secteurs, l’un de 41 degrés, l’autre de 30, vers l’ouest, venait d’être signalé, ce qui montrait qu’on était en bonne route. Par le travers même de l’Alaska, à bâbord, brillait le feu de Sein, feu à éclats, se succédant de quatre secondes