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l’épave du cynthia.

En l’ouvrant, Erik constata qu’elle contenait simplement la carte de M. Durrien, consul général honoraire, membre de la Société de géographie, avec ces mots au crayon :

« Bon voyage !… Prompt retour !… »

Explique qui pourra ce qui se passa dans l’âme d’Erik. Cette attention d’un savant aimable et distingué lui alla au cœur et fit monter une larme à ses yeux. En quittant cette terre hospitalière, qu’il connaissait depuis trois jours à peine, il lui semblait quitter une patrie. Il serra la carte de M. Durrien dans son carnet, en se disant que cet adieu d’un vieillard lui porterait bonheur.

Deux minutes plus tard, l’Alaska se mettait en mouvement et s’avançait vers le goulet. À six heures, il l’avait franchi, et le pilote lui souhaitait bon voyage.

On était au 20 février. Le temps était clair. Le soleil avait disparu sous une ligne d’horizon aussi nette qu’en un jour d’été. Mais la nuit montait, et bientôt elle allait être profonde, car la lune ne devait se lever qu’à dix heures du soir. Erik, de service pendant le premier quart, se promenait d’un pas léger sur le gaillard d’arrière. Il lui semblait qu’avec Tudor Brown le mauvais génie de l’expédition avait disparu.

« Pourvu qu’il n’aille pas s’aviser de nous rejoindre à Malte ou à Suez ! » se disait-il.

Et c’était en effet possible — probable même, si Tudor Brown avait voulu s’épargner le long dé-