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l’épave du cynthia.

de lui, il avait fini par se jeter sur ses jambes. Tudor Brown avait aussitôt tiré de sa poche un revolver et se disposait à s’en servir, quand Otto était arrivé à point pour l’en empêcher et renvoyer Klaas à sa niche. Une discussion assez confuse s’était alors produite. Tudor Brown, blême de colère et de terreur, voulait absolument brûler la cervelle au chien. Maaster Hersebom, survenu à la rescousse, protestait vivement contre un pareil projet. Le commandant se montra à propos pour mettre le holà, en priant Tudor Brown de rengainer son revolver, et décrétant que Klaas serait désormais tenu à la chaîne.

Cet incident ridicule fut le seul qui signala les premiers jours du voyage. Tout le monde s’accoutuma peu à peu au mutisme et aux étranges manières de Tudor Brown. A la table du commandant, on finit par ne pas plus s’occuper de lui que s’il n’existait pas. Chacun se créa des habitudes et des distractions. M. Malarius, après deux jours passés au lit, commença à manger, et fut bientôt en état de tenir sa place à d’interminables parties de whist avec le docteur et M. Bredejord. Erik, très occupé à son service, consacrait à la lecture tous ses instants de loisir. La navigation de l’Alaska suivait son cours normal et régulier.

Le 11, on avait passé l’île d’Oland, le 12, franchi le Sund, atteint le Skager-Rack le 13, signalé Heligoland le 14, enfilé le 15 le Pas-de-Calais, et doublé le 16 le cap de la Hague.