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passagers imprévus.

de recherches, aussitôt que sa déclaration se trouvait démentie de la manière la plus imprévue ! Il fallait donc conclure qu’il avait dans tout cela un intérêt personnel ; et le fait même qu’il fût venu trouver M. Schwaryencrona indiquait la connexité de cet intérêt avec l’enquête instituée par le docteur.

Ainsi tout semblait indiquer que Tudor Brown était dans le problème un facteur au moins aussi important que Patrick O’Donoghan lui-même. Qui sait s’il ne se trouvait pas déjà en possession du secret qu’on allait chercher à élucider ? Si cela était ainsi, fallait-il se féliciter de l’avoir à bord ou fallait-il s’en inquiéter ? M. Bredejord inclinait vers la dernière opinion et trouvait la figure du personnage fort peu rassurante. Le docteur, au contraire, alléguait que Tudor Brown pouvait fort bien être de bonne foi et cacher sous des allures excentriques un fond d’honnêteté.

« S’il sait quelque chose, disait-il, on peut toujours espérer à le lui faire dire dans la familiarité qui naît forcément d’un long voyage ! Ce serait, dans ce cas, un coup de fortune de l’avoir avec nous ! Au pis, nous verrons bien ce qu’il peut avoir à démêler avec O’Donoghan, en admettant que nous arrivions à retrouver l’Irlandais. »

Quant à Erik, il n’osait même pas exprimer le sentiment que l’aspect du personnage avait éveillé en lui. C’était plus que de la répulsion — de la haine —, une envie instinctive de se ruer sur lui et