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passagers imprévus.

Erik, debout sur la passerelle, commandait la manœuvre. M. Bredejord et le docteur, accoudés aux bastingages de bâbord, envoyaient un dernier adieu à Kajsa et à Vanda sur la jetée. M. Malarius, déjà pris d’un affreux malaise, était allé s’allonger sur sa couchette. Tout entiers au souci de la séparation, ni les uns ni les autres n’avaient remarqué l’arrivée de Tudor Brown.

Aussi le docteur ne put-il réprimer un mouvement de surprise, quand, en se retournant, il le vit surgir des profondeurs du navire et marcher droit à lui, les mains dans ses poches, vêtu comme il l’était lors de leur unique entrevue et le chapeau toujours vissé sur la tête.

« Beau temps », dit Tudor Brown, en manière de salut et d’introduction.

Le docteur était stupéfait de cet aplomb. Il attendit quelques instants que l’étrange personnage ébauchât au moins une excuse, donnât une explication de sa conduite. Voyant que rien ne venait, il ouvrit le feu.

« Eh bien, Monsieur, il paraît que Patrick O’Donoghan n’est pas aussi mort qu’on le disait ? s’écria-t-il avec sa vivacité ordinaire.

— C’est précisément ce qu’il s’agit de savoir, riposta l’étranger avec un flegme imperturbable, et c’est pour en avoir le cœur net que j’ai tenu à être du voyage. »

Sur quoi, Tudor Brown tourna les talons, et, jugeant sans doute l’explication parfaitement satis-