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l’épave du cynthia.

« Avez-vous lu la correspondance de la Véga ? cria-t-il en entrant comme un ouragan dans le « matsal », où son ami était en train de déjeuner avec Kajsa.

— Je n’ai fait que commencer, répondit le docteur, et je me disposais à achever tout à l’heure cette lecture en fumant ma pipe.

— Alors vous n’avez pas vu encore, reprit M. Bredejord hors d’haleine, vous n’avez pas vu ce que contient cette correspondance ?

— Non, reprit M. Schwaryencrona avec un calme parfait.

— Eh bien ! écoutez ceci, s’écria M. Bredejord en se rapprochant de la fenêtre… C’est le journal d’un de vos confrères, aide-naturaliste à bord de la Véga… Écoutez ceci :

« 30 et 31 juillet. — Nous entrons dans le détroit de Jugor, et nous mouillons devant un village samoyède nommé Chabarova. Descendu à terre. Examiné quelques naturels pour vérifier par la méthode de Holmgren l’étendue de leur sens de la couleur. Trouvé ce sens normalement développé chez eux… Acheté d’un pêcheur samoyède deux magnifiques saumons…

— Pardon, interrompit en souriant le docteur. Est-ce que c’est une charade ? J’avoue que l’intérêt de ces détails m’échappe.

— Ah ! l’intérêt de ces détails vous échappe ! s’écria M. Bredejord d’un ton triomphant. Eh bien, attendez, vous allez voir…